Agroécologie pour la vie digne et durable des paysan·nes à San Francisco de Antioquia en Colombie

Le projet a pour objectif global de renforcer l’organisation sociale et la défense d’un territoire paysan agroécologique dans la commune de San Francisco (Colombie, région de Antioquia) à travers le dialogue des savoirs entre les connaissances scientifiques, sociales, paysannes, populaires et territoriales. Cet objectif se fondera sur une stratégie de formation en agroécologie et de répliques territoriales des savoirs acquis, soutenue par la production participative et communautaire de connaissances utiles à l’établissement durable et digne dans des « Territoires paysans agroécologiques ».

Concrètement, il s’agira de renforcer les activités de l’Asociación Campesina de Antioquia (ACA) au sein de son école agroécologique (ESAGRO) et de développer un modèle d’autoformation basé sur la réplique des formations reçues par des paysan·nes promoteur·ices de San Francisco et l’accompagnement de nouvelles familles. Ces personnes participeront ainsi aux réunions de formation et d’intégration qui ont lieu tous les trois mois. Ces promoteur·ices ont le devoir et la responsabilité de mener des activités de reproduction des connaissances acquises avec des groupes d’au moins 5 familles chacun, en mettant en oeuvre des pratiques agroécologiques dans les fermes où les connaissances sont appliquées et où des expériences sont réalisées sur le terrain. Parallèlement, des équipes de promoteur·ices de l’ACA effectueront des visites de suivi dans les fermes des familles paysannes, fournissant des conseils techniques sur les méthodes de production paysannes en utilisant la méthodologie « d’agriculteur·ice à agriculteur·ice ». Ces visites se réalisent une fois par mois dans chacun des villages de la commune de San Francisco. En complément, l’association sera accompagnée par l’Institut d’études régionales de l’Université d’Antioquia (INER) pour les formations techniques en agroécologie mais également pour assurer la réplicabilité du processus et d’accompagner l’appropriation par les participant·es et bénéficiaires indirect·es de la communauté du projet en co-construisant des outils (fiches pédagogiques, podcasts, vidéos, cartes).

Contexte

Située sur un territoire de plus de 1,1 million de kilomètres carrés, la Colombie compte aujourd'hui environ 50,37 millions d'habitant·es, dont 18,2% vivent en zones rurales (PNUD, 2020). Longtemps affecté par un conflit armé, le pays a signé en 2016 un Accord de paix avec l'une des principales guérillas, les FARC, mettant fin à plus de 50 ans d'affrontements armés avec l'Etat. La Colombie fait cependant face à des conflits sociaux et politiques qui demeurent, avec des conséquences importantes sur les populations civiles (homicides, menaces, déplacements forcés, etc.). Membre de l'OCDE depuis 2020, la Colombie n'en reste pas moins un pays dans lequel 36% de la population vit sous le seuil de pauvreté. Elle fait également face à des taux particulièrement préoccupants d'inégalités, la plaçant dans les premiers 10 pays les plus inégalitaires au monde (indice de Gini = 0,54 ; DANE, 2022).

La commune de San Francisco se situe dans la région d'Antioquia, au nord-ouest du pays, à environ 100 kilomètres de Medellín, deuxième ville principale de Colombie. Le territoire s'étend sur 36 800 hectares, à une altitude de 1338 mètres et est traversé par les fleuves Melcocho et Santo Domingo, sur lequel les entreprises publiques de Medellín (EPM) ont projeté de construire une centrale hydroélectrique, qui dispose déjà d'une licence environnementale. Plus de 50% du territoire est constitué en aire protégée via la Réserve forestière régionale Cuchillas de El Tigre, El Calón et La Osa.

Le territoire est principalement agricole et forestier, et la population est essentiellement paysanne, avec une longue ascendance, identité et attache sur ce territoire. San Francisco fait partie des 344 territoires de Colombie qui ont été déclarés par le gouvernement comme « Zones les plus affectées par le conflit armé » (ZOMAC). Cette dénomination prend en compte plusieurs critères qui permettent de mettre en exergue les conditions sociales et économiques difficiles que la population a rencontrées de manière historique. Cette zone a, de plus, été l'épicentre d'actions militaires et de confrontations entre groupes armés, qui ont entraîné notamment assassinats, disparitions forcées, recrutement forcé, enlèvements et déplacements forcés.

Le déplacement forcé dans la commune a été tel qu'elle a perdu 80% de sa population dans les années 1990-2000, passant de 14 000 habitant·es à seulement 2 800. Aujourd'hui, après de nombreux processus de retours des personnes déplacées sur le territoire, on compte plus de 6 200 habitant·es dans la commune. Parmi elles, près de 51% vivent en situation de pauvreté et plus de 15% n'ont pas leurs besoins basiques satisfaits.

Partenaires locaux

Asociación Campesina de Antioquia (ACA) – Association paysanne d'Antioquia

Instituto de Estudios Regionales (INER) – Institut d'études régionales de l'Université d'Antioquia

Objectifs du projet

Le projet a pour objectif global de renforcer l'organisation sociale et la défense d'un territoire paysan agroécologique dans la commune de San Francisco (Colombie, région de Antioquia) à travers le dialogue des savoirs entre les connaissances scientifiques, sociales, paysannes, populaires et territoriales. Cet objectif se fondera sur une stratégie de formation en agroécologie et de répliques territoriales des savoirs acquis, soutenue par la production participative et communautaire de connaissances utiles à l'établissement durable et digne dans des « Territoires paysans agroécologiques ».

Les objectifs spécifiques sont :
 1. Former des « promoteur·ices paysan·nes » aux pratiques agroécologiques
 2. Assurer l'appropriation des savoirs acquis auprès des paysan·nes des territoires de la commune de San Francisco

3. Produire de manière participative des connaissances communautaires sur la territorialité paysanne

4. Promouvoir des pratiques agroécologiques dans la région Nouvelle-Aquitaine à travers des échanges de connaissances et d'expériences avec la Colombie

Activités

– Formations à l’agroécologie (planification, sols, adaptation des cultures, gestion durable de l’eau, semences et compost)

– Construction d’une pépinière

– Suivi et accompagnement de familles paysannes dans la planification agroécologie de leurs parcelles productives 

– Création de matériels pédagogiques pour l’appropriation du projet par la communauté, sa réplication et la défense du territoire

Résultats

Les promotrices et promoteurs paysan·nes vont s’approprier des connaissances en agroécologie et agroforesterie qu’iels vont répliquer et recréer au sein de leurs communautés paysannes, familles et collectifs. Chaque participant·e a la responsabilité de répliquer ces connaissances et d’accompagner au moins 5 familles dans leurs parcelles. Concrètement, les paysan·nes auront de meilleurs outils et connaissances pour développer des pratiques plus agroécologiques et rentables économiquement. En termes de livrables, les produits audiovisuels co-construits avec les communautés vont aider la réplicabilité de l’action et l’appropriation des techniques apprises par l’ensemble de la communauté.

A long terme, il est recherché par cette action en cascade de disséminer les pratiques agroécologiques au sein de toute une communauté paysanne, d’en améliorer la rentabilité économique mais également de renforcer la souveraineté alimentaire, les formes de production paysanne et la transition agroécologique et agroforestière de ces communautés. Pour l’ensemble de la communauté, ces familles bénéficieront des pratiques développées dans le cadre de ce projet, grâce aux impacts vertueux qu’il contient sur la santé humaine et animale et la protection de l’environnement. Elles pourraient également être amenées à se tourner vers ce type d’agriculture grâce à l’amélioration de la rentabilité économique de ces activités à terme, et ainsi contribuer à une meilleure souveraineté alimentaire, et une production plus adaptée aux enjeux environnementaux et de santé du territoire.

En ce qui concerne le public néo-aquitain, il est attendu que ces bénéficiaires aient une meilleure compréhension des enjeux liées à l’agroécologie (risques de l’agriculture conventionnelle, impact sur l’environnement, impact sur la santé, modèle économique) et s’engagent à terme pour la défense de ce mode d’agriculture sur leur territoire et en solidarité avec les peuples le défendant à travers le monde.